C'était sans doute un jour de chance ❧ Eilidh

La famille Ó Ghallachóir est une très vieille famille écossaise qui a toujours été très discrète. Connue principalement pour ses membres érudits, la famille produisit beaucoup de professeurs, de scientifiques qui travaillèrent sur les différentes avancées technologiques du monde de la magie. Aussi bien en médecine que dans d’autres domaines tels que la loi ou encore la transformation d’objets magiques. Connus sans l’être, la famille ne se mélangeait pas particulièrement aux affaires d’état, aux affaires de sang. Ils surveillaient du coin de l’œil, comme ce chat qui sans cesser de dormir tend l’oreille pour déguerpir au moindre bruit.

Angus est né au cœur de cette famille, premier né de sa fratrie, il avait cette douceur paternaliste et calme qu’avaient eu tous les hommes de son sang. Il avait cette manie de toujours consulter une montre à gousset qui lui venait de son grand-père, même lorsqu’il lisait ou lorsqu’il cuisinait d’un air distrait. Qu’est-ce qu’il a pu faire brûler des tartes, des quiches, des pains de viande à avoir le nez dans un bouquin en remuant du bout des doigts une cuillère en bois.

Angus a eu six frères et sœurs. Trois de chaque dont une paire de jumeaux. Et Angus s’est occupés d’eux, de les nourrir, de les amuser, des les éduquer parfois. Parce que ses parents étaient occupés à droite et à gauche. Mais ça ne l’a pas gêné, Angus. Au fond, sa famille était tout pour lui.
Passionné d’histoire de la magie, Angus s’envola assez tard pour des terres inconnues pour faire des recherches archéologiques. Il passa cinq années sur les retours avant de revenir à sa bonne vieille Edimbourg. Il écrit un livre plein de ce qu’il avait trouvé sur place, pour que le monde sache. Et ses recherches avaient fini dans un musée.

C’est en faisant un peu de promotion pour son livre qu’il retomba sur l’une des filles de la famille Abbott qu’il avait alors connu dans les couloirs de Poudlard pendant sa scolarité. Elle s’appelait Delfina, une anglaise aux joues pleines, aux boucles blondes et aux yeux mordorés. Il est tombé amoureux d’elle en un quart de seconde. Passionnée d’herbologie, Delfina parcourait le monde à la recherche de plantes qu’elle ne connaissait pas encore pour préparer des potions de plus en plus performantes.

Angus et Delfina se marièrent à Edimbourg six ans après leur première rencontre. Il avait déjà près de trente-cinq ans, elle n’était pas bien loin derrière lui. Ils eurent très vite leur premier enfant, une adorable petite fille. Eilidh.
Delfina n’était pas écossaise de naissance mais en épousant Angus, elle avait épousé l’Ecosse, sa culture, sa passion. Et elle n’aurait pour rien au monde voulu retourner en arrière. Après avoir eut Eilidh, ils eurent peu de temps pour s’occuper à la fois de leur famille et de leur carrière. Ils décidèrent qu’un seul enfant leurs suffirait pour le moment. Ils donnèrent tout dans l’éducation de leur fille et dans leurs carrières respectives. Angus s’occupait des tâches ménagères, Delfina des bobos et de l’apprentissage de la sorcellerie à sa petite fille. Mais pas que, parce que Delfina était un petit prodige du piano. Alors elle apprit la musique à Eilidh, elle sut lire les notes avant de lancer un sort, puis elle su jouer du piano et enfin, elle se mit toute seule à la guitare à quatorze ans.

Eilidh ne manqua jamais de rien. Elle fut heureuse, bercée d’amour et de belles paroles. Ses parents étaient deux stéréotypes du « flower power » anglais si l’on peut dire. Des forces calmes qui savaient très bien tenir leurs troupes par la douceur. Mais, avant tout, ce qu’Eilidh à toujours admirer chez eux, c’est leur ouverture d’esprit. Même dans les temps sombres, ils ont toujours su que la culture moldue était importante pour la culture sorcière.

Alors, Eilidh entra à Poudlard en tant que Poufsouffle, très fière de sa maison. Elle étudia avec brio durant les sept années de son éducation sorcière. Elle fut préfète en chef de sa promotion. Le genre de fille gentille et populaire apprécié par les siens. Mais souvent cible de moquerie des autres maisons. « Trop naïve » ; « Trop faible » ; « Trop idiote ». Mais au fond, elle s’en fichait. Tout ça lui glissait sur la peau.

Et puis, Voldemort vint au pouvoir. Et tout dérapa. Sa famille fut l’une des premières sur la liste. Des cousins disparurent, des oncles, des tantes. Du côté des Abbott aussi. Et puis, un jour, Eilidh passa chez elle. Toute la maison était sans dessus dessous. Angus et Delfina avaient disparu.  
Leur crime ? Avoir adopté un enfant né-moldu. A la base, ils se fichaient bien de savoir s’il avait ou non des pouvoirs. Ils voulaient juste offrir un foyer et de l’amour à un second enfant. Finalement, l’enfant s’était révélé être un sorcier également.

Judicaël était élève à Poudlard à cet instant précis, en première année.  Il fut donc protégé des attaques de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Eilidh ne lui en voulu pas le moins du monde, et toute cette histoire ne fit que renforcer son désamour pour ces histoires de sang.

Elle avait pris un poste à Poudlard pour être au plus proche des élèves, au plus proche de ce petit frère qu’elle connaissait à peine mais qu’elle aimait tant. Elle avait travaillé durant tout ce temps dans un magasin d’instrument magiques, un endroit ou elle pouvait réparer, parfois donner des cours, chanter aussi. Et c’est comme ça qu’elle avait pris un peu d’expérience d’enseignement. Et que Dumbledore lui donna sa chance.

Dès qu’elle entendit parler de l’ordre du Phénix, elle fit savoir qu’elle voulait rejoindre les rangs de cette armée. Elle n’était pas la puissance brute qu’on aurait pu vouloir initialement, mais Eilidh cachait un secret depuis sa plus tendre enfance. Seuls ses parents étaient au courant, et certains de ses professeurs. Eilidh était né métamorphomage. Apparemment, une grande-tante du côté de son père avait ses facultés hors du commun et les lui avaient transmises.  Mais, elle avait d’abord eu peur de ces pouvoirs. Et puis, ses cousins s’étaient parfois moqués. Et elle avait mis longtemps avant de les accepter pleinement. Elle ne les utilisait que peu et n’en parlait jamais. Mais, elle a pris sur elle pour le bien du pays. Parce qu’au fond, elle a l’espoir de revoir ses parents. Et si changer d’apparence peu lui permettre de renseigner l’ordre pour le bien, alors elle s’y pliera avec plaisir.

Aujourd'hui, elle a abandonné son poste à Poudlard pour se donner pleinement dans la guerre contre Voldemort au sein de l'ordre du Phénix. Elle a racheté la boutique sur le chemin de traverse, celle ou elle avait travailler à vendre ces instruments de musique. L'endroit est protégé, il est devenu un refuge pour certains membres de l'ordre avec le temps.